Raconter avec les images des autres
Le documentaire est l’une des seules formes d’œuvre à utiliser de façon très importante ce que l’on appelle « les archives ». Les images filmées survivent à ceux ou celles qui les ont captées.
Qu’advient-il quand un auteur une autrice s’approprie des images captées par d’autres, professionnels ou amateurs – telles les images d’archives institutionnelles ou privées, images de famille ou trouvées (found footage) – pour tisser un autre récit ?
Entre preuve, trace, ou écran de projection, « les images des autres » contiennent la possibilité de revisiter un événement, renouveler le regard, interroger la façon dont l’histoire a été dite, faire revivre le hors champ et incarner ce qui a été invisibilisé.
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Programme
11h00 : Introduction par Réjane Hamus-Vallée, professeure des Universités, directrice de l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société
11h30 : Dialogue entre la réalisatrice Mila Turajli? et la philosophe Marie-Josée Mondzain,animé par Rasha Salti
14h30 : Étude de cas L’histoire oubliée des femmes au foyer avec la réalisatrice Michèle Dominici, la productrice Juliette Guigon et la monteuse Nathalie Amsellem, modérée par Camille Ménager
16h30 : Table ronde animée par Alice Leroy avec
Eleonore Weber, réalisatrice de Il n’y aura plus de nuit
Alain Kassanda, réalisateur de Colette et Justin – Une histoire congolaise
Sylvie Lindeperg, historienne, autrice de Nuremberg, la bataille des images
Réjane Hamus-Vallée
Professeure au sein de l’université d’Évry Paris-Saclay, centre Pierre-Naville, Réjane Hamus-Vallée dirige le Master « Image et société : documentaire et sciences sociales ». Ses ouvrages de recherches portent sur l’histoire des effets spéciaux et des effets visuels, sur les métiers du cinéma et de l’audiovisuel et sur la sociologie visuelle et filmique.
Mila Turajli
Mila Turajli étudie la production à la faculté des Arts dramatiques de l’université de Belgrade et les sciences politiques à la London School of Economics, puis obtient un doctorat de l’université de Westminster. Son premier documentaire, « Cinema Komunisto », présenté en avant-première à l’International Documentary Filmfestival Amsterdam (IDFA) et au Tribeca Film Festival, a remporté 16 prix dont le Prix FOCAL pour l’utilisation créative de séquences d’archives. « L’Envers d’une histoire », son second film, est la première coproduction de HBO Europe avec la Serbie, prix IDFA du meilleur long-métrage documentaire. Son prochain film « Ciné-Guerrillas: Scenes from the Labudovi? Reels » sort en salles le 27 septembre 2023.
Marie-José Mondzain
Philosophe, diplômée de l’École normale supérieure, et directrice de recherche émérite au CNRS, Marie-José Mondzain est spécialiste de l’art et des images. Elle a mené des recherches sur l’iconoclasme depuis la période byzantine. Ses derniers travaux concernent la nature du regard, la manière de dire ce que l’on voit et de faire voir. Elle est également l’autrice de nombreux ouvrages parmi lesquels « Image, icône, économie – Les sources byzantines de l’imaginaire contemporain » ou « Confiscation : des mots, des images et du temps ».
Michèle Dominici
Michèle Dominici a trouvé l’idée de son premier film en lisant le « New Scientist », alors qu’elle travaillait au musée des Sciences de Londres : « Le Clitoris, ce cher inconnu », diffusé sur ARTE en 2003, fut le premier documentaire consacré à cet organe tabou. Il allait donner le ton à ses créations futures, toutes empreintes d’un souci de transmission et d’émancipation, bref de politique. Suivirent une saga des pionnières du féminisme en Angleterre « Les Suffragettes, ni paillassons, ni prostituées », une photographie de la parité en progrès, « Madame la ministre », un portrait critique de la photographe « Bettina Rheims, la fabrique des Icônes », le portrait inattendu d’une femme qui sût vieillir libre, « Simone Signoret, figure libre », un récit méconnu, voire ignoré, « L‘histoire oubliée des femmes aux foyers », et dernièrement, une lecture féministe de l’ascension de Marilyn Monroe vers la gloire « Devenir Marilyn ».
Juliette Guigon
Depuis 2017, Juliette Guigon est productrice chez Squawk . Elle a notamment produit « Il faut ramener Albert » de Michaël Zumstein, Étoiles de la Scam 2023; « Papa s’en va » de Pauline Horovitz, Étoiles de la Scam 2021; « Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée… – Une génération perdue » de Claire Laborey; « Green Boys » d’Ariane Doublet. Elle a également produit des séries web et de grandes enquêtes (« Insecticide : comment l’agrochimie a tué les insectes » de Sylvain Lepetit, Miyuki Droz Aramaki et Sébastien Séga, primé au Figra en 2022. Précédemment, elle fût productrice associée chez Quark Productions avec plus de 110 films produits dont les films de Marion Gervais (« Anaïs s’en va-t-en guerre ») ou de Thomas Balmès (« Happiness », primé à Sundance en 2014), de longs-métrages, « La Sociologue et l’Ourson » et « La Cravate » (sélectionné au César) d’Étienne Chaillou et Mathias Théry. En 2020, elle reçoit le prix Procirep du producteur, partagé avec Patrick Winocour, et totalise 22 Étoiles de la Scam avec 12 films de réalisatrices et 10 films de réalisateurs.
Nathalie Amsellem
Monteuse et réalisatrice, Nathalie Amsellem a travaillé sur plus de cinquante films documentaires, dont de nombreux films d’archives comme « Ce qu’ils savaient – Les Alliés face à la Shoah » de Virginie Linhart, « L’Histoire oubliée des femmes au foyer » de Michèle Dominici, ou encore des portraits de femmes : Simone Signoret, Alice Guy, Colette, Tony Morrison et Marie Trintignant. Aux côtés de Mireille Darc, elle a aussi réalisé des films sur l’excision, les femmes sans-abri, les travailleuses du sexe.
Éléonore Weber
Éléonore Weber est autrice, metteuse en scène et cinéaste. Jusqu’ici, sa démarche a tour à tour exploré les langages scénique et cinématographique. Elle a réalisé des courts-métrages de fiction, « Temps morts », en 2005, et «Les Hommes sans gravité», en 2007, ainsi que le documentaire « Night Replay », en 2012. En 2020, son premier long-métrage documentaire, « Il n’y aura plus de nuit », primé aux Étoiles de la Scam en 2021, est distingué au festival Cinéma du réel et sélectionné dans de nombreux autres, en France et à l’étranger.
Alain Kassanda
Alain Kassanda, natif de Kinshasa, a quitté la République démocratique du Congo pour la France à l’âge de 11 ans. Après des études de communication, il se lance dans l’organisation de cycles de projection de films dans différents cinémas parisiens. Il devient ensuite programmateur des 39 Marches, une salle de cinéma d’art et d’essai en banlieue parisienne, durant cinq ans, avant de s’installer à Ibadan, au sud-ouest du Nigeria, de 2015 à 2019.
Il y réalise « Trouble Sleep », un moyen-métrage centré sur l’univers de la route. Le film a reçu le Golden Dove du meilleur court-métrage au festival DOK Leipzig, en 2020, et, la même année, la mention spéciale du jury au festival Visions du réel. S’en suit « Colette et Justin – Une histoire congolaise », un long-métrage entremêlant récit familial et histoire de la décolonisation du Congo, sélectionné en compétition internationale à l’IDFA en 2022. « Coconut Head Generation » est son troisième film.
Sylvie Lindeperg
Sylvie Lindeperg est professeure en histoire du cinéma à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
Elle est coautrice des films de Jean-Louis Comolli, « Face aux fantômes » (2009), et de Ginette Lavigne, « Traces filmées de la Résistance – Après la nuit » (2014).
Elle est également l’autrice de plusieurs ouvrages dont « Les Écrans de l’ombre – La Seconde Guerre mondiale dans le cinéma français (1944-1969), « Clio de 5 à 7 – Les actualités filmées de la Libération : archives du futur », « Nuit et Brouillard – Un film dans l’histoire », « Univers concentrationnaire et génocide – Voir, savoir, comprendre » avec Annette Wieviorka, « À qui appartiennent les images ? » avec Ania Szczepanska. Elle a également codirigé une dizaine d’ouvrages parmi lesquels « Le Moment Eichmann » avec Annette Wieviorka. Son dernier ouvrage « Nuremberg, la bataille des images » est paru chez Payot en avril 2021.